C’est avec une immense tristesse que nous apprenons le décès de Gérard Vergnaud, survenu à Paris le 6 juin 2021.
Gérard Vergnaud, né en 1933 à Doué-La-Fontaine, en France, était Directeur de recherche émérite au CNRS. Il a rejoint l’Université Paris 8 après 1996 dans une équipe mixte de recherche en psychologie dirigée par Jean-François Richard, après avoir été membre du Laboratoire de psychologie du développement à l’Université Paris 5 où il a piloté le groupement de recherche sur la didactique des mathématiques. Disciple de Jean Piaget, Gérard Vergnaud a dégagé dans son œuvre les phases naturelles de l’apprentissage scolaire et les acquis de l’expérience au long du développement de l’enfant.
A l’Université Paris 8, il a poursuivi ses travaux dans le laboratoire cognition et activités finalisées pour l’essentiel en didactique, avec une dominante mathématique qui était son cœur de ses recherches depuis des années et il s’est intéressé de plus en plus au développement des compétences et aux apprentissages dans le travail chez les adultes. Il a ainsi, avec Renan Samurçay, Janine Rogalski, Pierre Pastré et Pierre Rabardel, contribué à l’émergence de la didactique professionnelle. A sa fondation, il a rejoint l’équipe d’ergonomie C3U du laboratoire Paragraphe. Outre les aspects thématiques qui le rapprochait de plusieurs membres de l’équipe qui menaient des travaux en didactiques des mathématiques (dont Renan Samurçay et Janine Rogalski), l’accord profond avec les orientations des chercheurs de l’équipe en ergonomie et psychologie était lié, au plan méthodologique, à la question du recours au terrain et à l’analyse des activités complexes en situation naturelle, et au plan théorique à la perspective développementale croisant les apports du courant de recherche piagétien avec ceux de l’approche historico-culturelle de la psychologie soviétique et l’approche de Lev Vygotsky. S’appuyant sur l’analyse de l’activité, et ses articulations entre l’action et la pensée, il a développé la « théorie des champs conceptuels », afin de rendre compte des processus par lesquels se développe l’organisation de la connaissance et des compétences.
Gérard Vergnaud était aussi un homme d’engagements militants. Membre élu des instances scientifiques dirigeantes du CNRS, il a contribué à animer le mouvement syndical dans la recherche scientifique, notamment au SNCS dont il a été un des dirigeants nationaux.
Gérard Vergnaud a noué des relations nombreuses avec des chercheurs et instituts de recherche en Europe (Italie, Suisse), Amérique du Nord et du Sud (Etats-Unis, Brésil, Chili), Asie de l’Est (Corée du Sud). Il est docteur Honoris Causa de l’Université de Genève (1995), de l’Université du Centre de l’Etat de Buenos Aires (2011), membre de l’Académie Internationale des Sciences Psychologiques de Russie.
Chercheur engagé dans la formation doctorale, Gérard Vergnaud a dirigé plus de 80 thèses en 25 ans, accompagnant des chemins singuliers de doctorants et doctorantes qui n’avaient pas tous une vocation à devenir des chercheurs mais partageaient le goût de construire une science pour agir avec les autres. Des ailes leur furent données. Avec la disparition de Gérard Vergnaud, la communauté scientifique perd un très grand chercheur et un homme d’exception, qui a marqué tous ceux et celles qui l’ont rencontré, de par sa grande humanité.

